❖ La CIPAV et les fourmis, une fable des Gens de l’Élysée (Contrepoints.org)
- Par
- Le mardi, 17 septembre 2019
- Dans ❖ Infos Externes
- 0 commentaire
Comme son cousin URSSAF, la CIPAV tue des entreprises fragiles par l’effet de ses erreurs.
Par François Lainée. (Article de Contrepoint.org du 17 aout 2019)
Les fables sont souvent tirées d’histoires vraies. Des pratiques de l’époque, des travers sociétaux, et voilà qu’une âme fleurie en fait une poésie.
Ai-je l’âme bien fleurie ? Vous pourrez en décider. Mais ce qui est avéré, c’est que je vais vous montrer comment la réalité peut devenir plus souriante quand on trousse quelques vers pour faire du particulier une histoire plus générale.
La réalité
Connaissez-vous la CIPAV ? Un sigle venu du bestiaire de notre appareil politico-administratif, qui cache le nom plus complet de Caisse des Indépendants pour la Prévoyance et l’Assurance-Vieillesse. En gros, la caisse de retraite des entrepreneurs et autres indépendants.
Ayant cette qualité, j’en ai fait la connaissance il y a près de dix ans. Et, comme son cousin URSSAF, j’ai pu constater comme elle malmène ses pauvres affiliés. Avec elle on habite à la frontière floue entre incompétence et malhonnêteté. De nombreux mécanismes peuvent la faire déraper, et quand elle a commet une erreur, il faut durement lutter pour faire valoir son bon droit. Prenons juste quelques exemples :
– le calcul des cotisations : c’est en soi un poème. Avec des calculs tenant compte du revenu déclaré deux ans plus tôt, puis des régularisations dont on découvre le montant sans aucune explication.
– l’explication des cotisations calculées : lorsque je ne comprends pas j’en fais toujours la demande. L’idée simple de disposer de montants reconnus (nos revenus) multipliés par des taux avec d’éventuels plafonds, et des rapprochements avec ce qui a déjà été payé, hélas, n’est guère comprise par ceux qui font les réponses.
– le calendrier des appels de cotisations : cette année, pour une cotisation donnée (que j’ai comprise pour une fois), j’ai reçu un premier courrier m’indiquant le montant « exigible en octobre 2019 ». Puis est venu un autre courrier précisant « exigible moitié le 5 août » et « moitié en octobre ». Qui croire ? La CIPAV, ou la CIPAV ?
– les processus de paiement : l’État manque tellement d’argent que tout devient automatique, façon prélèvement à la source. Jusque récemment l’entrepreneur pouvait régler par chèque ou par virement. Il avait donc la main sur le montant et pouvait, en cas d’erreur de la CIPAV (ou de simple désaccord) choisir le risque de ne payer que son dû. Aujourd’hui c’est terminé. Sous le prétexte hypocrite de simplification, on ne peut plus payer qu’en ligne, sur un espace pré-organisé par la CIPAV avec le montant qu’elle a calculé. Adieu les contestations. Paie d’abord, tu n’as plus le choix, que celui de protester tout de suite très vigoureusement aux plus hautes autorités. Et c’est ainsi que le 5 août, mon espace me demandait de régler la somme totale. Et adieu le mois d’octobre ! Amateur, ou voleur ? Votre opinion vaudra la mienne.
– les voies de communication : la CIPAV se veut moderne, elle est tout électronique. Maintenant plus de courrier pour les appels de fonds. Tout cotisant a son espace, y met des coordonnées, et reçoit des courriels qui lui rappellent d’emblée qu’il n’y a plus de papier. Mais pour qui veut contester, pas de courriel proposé. Il faut le bon vieux papier, le coût du timbre, le délai. Comment est-il donc possible d’être à ce point kafkaïen ?
Mon entreprise est modeste, et les sommes le sont aussi. Mais tout de même, ces erreurs pèsent bien lourd. On me réclame 66 euros de régularisation pour 2018, dont je n’ai jamais pu obtenir le calcul détaillé, et on y ajoute 50 euros de frais de retard. Pourtant un document de la CIPAV reçu cet été déclarait 2018 OK, aucune régularisation, puis le matraquage a repris, comme si le papier précédent n’avait jamais existé. Et pour 2019 ce sont 471 euros dont la date de paiement fluctue de début août à début octobre, toujours selon la CIPAV.
Mais pour d’autres entrepreneurs, les montants sont bien plus importants. Et, comme son cousin URSSAF, la CIPAV tue sans doute des entreprises fragiles, par l’effet de ces erreurs.
Le pouvoir « En Marche », le croyant en la « start-up nation », avait paru entendre les plaintes des indépendants, croulant sous l’incompétence et la malhonnêteté du fameux RSI (Régine Social des Indépendants) dont la CIPAV faisait partie. Il y eu réforme et exit le RSI. Mais la CIPAV est restée, et les URSSAF également. Mêmes maisons, mêmes règles de fonctionnement, mêmes pratiques, et mêmes têtes sans doute, ou sinon mêmes origines pour ces précieux collecteurs. À leur décharge, ils ne sont pas les premiers, ni sans doute les derniers, à faire juste semblant. Le gouvernement de mon ami Christian Eckert, ancien secrétaire d’État au budget, que j’avais éclairé personnellement sur tous ces errements et des solutions simples, n’avait rien fait non plus. Il est vrai qu’on touche là aux rentrées dans la caisse, et qu’on ne parle pas de fraude (des cotisants) alors, y a-t-il vraiment un sujet ?
Du coup rien n’a changé, vu de ma petite fenêtre. Ah si, un vrai changement : j’ai décidé d’arrêter.
Bravo « En Marche »… Avant ou arrière ?
La fable
La CIPAV et les fourmis
Une fable de Gens de l’Élysée
La CIPAV ayant prélevé toute l’année
Se trouva fort dépourvue
Quand l’État en voulut plus.
Elle alla, toute chafouine
Chez la fourmi qui turbine.
Le petit entrepreneur
Bien sûr, est un peu râleur
Mais des règles bien obscures
Ont vite fait de l’enfumer.
Et pour peu qu’il joue les durs
Il suffit de menacer !
Elle dit tout et son contraire ?
Ses calculs ne sont pas bons ?
La CIPAV n’en a que faire
Puisqu’elle a besoin de ronds
Mais il y avait encore
Des fourmis qui résistaient
En refusant le prix fort
Réglant juste ce qu’elles devaient.
Alors pour en terminer
La CIPAV, élégamment
Ne veut plus, pour être payée,
Ni chèque ni virement.
La fourmi doit, en souriant,
Prendre une voie plus pratique ;
Celle du virement en blanc
Qu’il soit juste, ou qu’il la nique.
Gouvernants du « nouveau monde »,
Qui avez bien fait semblant
Face aux mille fourmis qui grondent
De changer le noir en blanc
Vous aurez sur la conscience,
Si toutefois vous en avez,
La mort des fourmis de France
Et mille malhonnêtetés.
Ainsi se créent les histoires qu’on apprend à nos enfants. Gageons que celle-ci ne sera pas tout de suite dans les manuels scolaires. Il faudrait un pays libre, regardant les choses en face. Mais en attendant c’est bon d’avoir pu en faire une farce.
Source : https://www.contrepoints.org/2019/08/17/351570-la-cipav-et-les-fourmis-une-fable-des-gens-de-lelysee
CIPAV injoignable Problême de Retraite Problême de Cotisations CIPAV Contrepoints Lacipav
Vous devez être connecté pour poster un commentaire